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Le blog de reve-de-lune1982

 

      Le minibus était à l’arrêt depuis une minute. Chacun retenait son souffle. Dehors, les militaires s’agitaient.

Marcel descendit du bus le premier, un œillet à la boutonnière et une flûte à la main. Malgré les tiraillements de son ventre il se positionna fermement devant les militaires. Timidement, Odette s’aventura sur les marches le cœur serré. Elle tremblait de peur. Elle vacilla et faillit tomber lorsqu’elle posa les pieds sur le sol  mais elle se redressa vivement, et les yeux accrochés au regard de Marcel  vint se placer à côté de lui et par défi tira une note de son violon. Un silence de plomb planait autour d’eux. Les militaires surpris ne bougeaient pas. La tête du gros Michel passa la porte. Il soufflait bruyamment pour se donner du courage. Il s’accrocha à la barre pour ne pas tomber. Le minibus remonta légèrement lorsqu’il le quitta. Il balança fièrement sa  trompette au-dessus de sa tête, fit un clin d’œil à Odette et s’immobilisa. Puis ce fût la belle et douce Elvira qui se fit aider pour descendre sa harpe et une caisse pour s’y asseoir. Une brise légère jouait avec les cordes de son instrument et faisait flotter sa robe de mousseline. Et enfin Philippe, à peine sortie de l’adolescence, sauta vivement du car prit sa grosse caisse et se plaça à côté de Michel. Le dernier, Jean, avait pour seul rempart à la bêtise sa baguette de chef d’orchestre et sa belle voix.

    C’était décidé : quoi qu’il arrive, ils feraient ce qu’ils avaient dit. Ils accordèrent leurs instruments et se lancèrent. La voix forte de Jean fit retentir dans le silence pesant « La Marseillaise » de Graham Allwrigth, chant lumineux d’humanité et d’espoir face à cette force brutale qui voulait les obliger à se taire.

 

     Le commandant de la section fut piqué par leur comportement farouche, il croisa les bras et, exceptionnellement, décida de se taire.

 

Clara.

 

        

 

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