Lundi, 12 Octobre 2015 01:10

Va-et-vient

PASSAGE. Thème des JLJE 2015 Saint Bertrand de Comminges

Ma conscience s’anime. Les yeux fermés, je poursuis mon rêve. Quel est ce rêve ? J’essaye de le saisir mais, pfuit ! un clignement des yeux, il s’enfuit. Dans un demi-sommeil, je goûte ces instants d’entre deux et lentement mes paupières se lèvent. La pièce est plongée dans le noir et tout est silencieux. Il doit encore être très tôt. Ma tête est comme dans un étau et me fait sérieusement souffrir. Pour calmer la douleur, je respire amplement. Ma conscience se referme et je replonge dans un sommeil profond.

Quelques minutes ? Quelques heures ? Plus tard, je m’éveille à nouveau. Mes paupières se lèvent. Un marteau continue de cogner sur mon crâne et un tambour martèle la mesure sur mes tempes. Je n’y vois toujours rien et tout est complètement noir et silencieux.

Pourquoi est-ce si noir ? Même les nuits sans lune, il y a toujours un peu de clarté. Et ce silence. Aucun aboiement, bruissement d’ailes, gazouillis d’oiseaux, glouglou de fontaine, pas non plus de ronflement de moteur, de grincement de machine, de voix humaines. Rien. Nib. Que dalle. Zéro.

Je tente de trouver ma lampe de chevet mais mon corps a des difficultés à bouger. J’ai l’impression d’être serrée contre un mur. Ma main tâte la nuit. J’essaye de m’asseoir sur le lit, mais ma tête bute contre... contre quoi ? Je lève les bras : qu’est-ce que c’est que ça… Le plafond ?... Non, c’est impossible. Je continue à explorer. Mes mains touchent un mur lisse au dessus de mon lit. Il faut absolument que j’allume pour voir autour de moi. Mon cœur bat sérieusement la breloque. L’angoisse me serre la gorge. Je suffoque. Suis-je en plein cauchemar ? Pourtant, j’ai bien l’impression d’être complètement réveillée. Et si ce n’est pas un cauchemar qu’est ce que je fais dans ce lit à cinquante centimètres du plafond.

Ah ! Oui ! J’ai dû le mette sur pilotis. Mais pourquoi je ne m’en souviens pas ? Je cherche l’échelle pour descendre. Pas d’échelle !

Et ce silence. Pourquoi ce silence si profond ? La peur s’insinue en moi.

Le dos courbé, je m’assieds au bord du lit. Mes pieds touchent le sol. Quoi ? Mes pieds touchent… non, ce n’est pas le sol. Et pourtant… Si c’est le sol, c’est un sol vraiment chaotique. J’ai l’impression que des meubles sont renversés. Je suis oppressée. J’ai très soif.

Je regarde du côté de la fenêtre mais plus rien ne me signifie qu’il y a une fenêtre. Suis-je prisonnière, ensevelie ?

Un froid polaire s’insinue dans mon ventre. Je claque des dents. Je rabats les couvertures, plonge au plus profond du lit et me mets en boule, mais impossible de me réchauffer.

Peur ancestrale, serpent qui ondule et se glisse dans mon corps tremblant. Je crie, hoquette et pleure.

Je me remets sur le dos. Respire profondément et tente de calmer mon esprit en déroute.

Une secousse… Je glisse… Une autre secousse plus violente. Je m’agrippe au lit mais celui-ci glisse avec moi, sans aucun bruit.

La glissade s’accentue. Un tunnel s’ouvre. Une pente abrupte me déséquilibre. AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Le plus terrifiant ? mon cri n’émet aucune onde, aucun son. Je plonge dans le néant et m’évanouis.

Une violente tape sur les fesses me réveille brutalement. Un vagissement sort de ma bouche. Toute nue, la peau fripée devant une assemblée qui s’extasie ! Noooooooon !