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Le blog de reve-de-lune1982

I

La nuit était tombée, une nuit glaciale qu'un violent mistral habitait d'ombres et de sifflements sinistres. Les rares promeneurs attardés se surprenaient à se retourner, un curieux pincement au creux de l'estomac. Le clair de lune éclairait les arbres furieusement secoués par le vent, et seules les lointaines étoiles, dans un ciel calme et noir, apportaient un peu de douceur.

Blotti contre un muret, Pierre essayait de se protéger du froid. Juste sa tête ronde et frisée dépassait du col d'un pardessus trop grand pour lui. Ses yeux noirs et brillants scrutaient la nuit. Il avait très faim car il n'avait rien mangé depuis trois jours, et le froid le paralysait. A l'aide de ses bras, il serra très fort ses jambes contre son maigre torse ; cela lui procura, un instant, une illusion de chaleur, et il posa son front sur ses genoux. Il était désemparé, désespéré et surtout très ingénument étonné de se trouver dans cette situation. Pourtant, il savait très bien ce qu'il risquait lorsqu'il s'était engagé dans cette aventure. S'il ne trouvait pas une solution cette nuit même, le choc subi et le manque de nourriture le conduirait irrémédiablement à la mort. Il ne pouvait se présenter spontanément nulle part, ne possédait aucun papier, et pour tout vêtement n'avait gardé que cet immense pardessus lourd et encombrant.

Tout à son désespoir, il leva machinalement la tête vers le ciel et la vue de toutes ces étoiles qui brillaient lui apporta un étrange calme. La petite Vénus, paillette lumineuse rivalisant de fine clarté avec la grosse lune débonnaire lui redonna du courage. Il décida de dormir un peu pour reprendre des forces. Alors, prenant une longue inspiration, se fermant au monde extérieur, il oublia le froid, la fatigue et la faim et s'endormit, d'un coup, comme s'endort un enfant.

II

Dans la pièce chaude et agréablement éclairée de lampes posées à même le sol, Marie massait sa cliente. Noël approchant, les deux jeunes femmes s'entretenaient de sauces et autres mets qui allaient agrémenter leur vie durant ces jours de fête.

Le massage terminé, Marie leva la tête et fut surprise de voir la lune et Vénus qui s'encadraient exactement dans la fenêtre sans rideaux. Prise par la beauté du spectacle, elle s'apprêtait à ouvrir la fenêtre mais arrêta brusquement son geste. En effet, sa cliente était encore en tenue légère et risquait de ne pas apprécier l'air glacial de la nuit. De plus, pour Catherine, les mots nature et silence n'évoquaient qu'ennui et solitude, et la pensée de s'extasier devant un clair de lune, même magnifique, ne l'effleurait pas. Catherine avait capté le geste de Marie mais n'en avait pas compris le sens et la regardait d'un air interrogatif. Marie se contenta de dire :

- J'allais ouvrir la fenêtre pour aérer, un peu la pièce, et puis je me suis rendu compte que vous n'étiez pas encore habillée, alors je me suis prise à imaginer votre tête devant la fenêtre ouverte !..

- Ouvrir la fenêtre ?... Mais... Il fait affreusement froid, et puis ce vent, cette nuit, brrr... c'est d'un sinistre. Tout en s'habillant rapidement, elle poursuivit :

- Je vous laisse. J'ai horreur du vent, du froid, de la nuit ; je vais rentrer chez moi, allumer toutes les lumières du salon, m'allonger devant la cheminée, écouter un disque, et boire un verre pour oublier tout cela. Sur ces derniers mots, elle ouvrit la porte, lança un joyeux bonsoir et sortit.

Marie s'installa alors, avec un profond soupir, derrière son bureau. Elle voulait mettre un peu d'ordre dans ses papiers en attendant l'arrivée des élèves de son cours de yoga. Elle exécrait ce travail, et, de ce fait, avait toujours du retard dans la gestion de ses dossiers. Aujourd'hui, il lui fallait absolument remplir certains imprimés qu'on lui réclamait, et cela lui donnait la nausée. Accablée, elle força son attention, et pendant une heure, seul le bruissement des feuilles troubla le silence de la maison.

Son épreuve terminée, elle se leva, s'étira longuement et retourna dans la salle de massage où flottait une odeur de camphre et de produits pharmaceutiques. Elle ouvrit la fenêtre et respira l'air glacé de la nuit. Malgré le froid qui transperçait sa blouse légère, elle s'accouda au rebord de la fenêtre et laissa son regard errer rêveusement sur le ciel, les étoiles, le jardin en bas. Elle nota le désordre indescriptible qui y régnait, et se dit qu'il faudrait bien qu'un de ces jours elle se décide à ranger tout ce bric-à-brac.

Le vent avait accumulé les feuilles le long du mur, et le tas de bois provenant de la taille de la haie et des rosiers s'était éparpillé dans tout le jardin. Son regard se posa, sans le voir, sur la silhouette informe qu'était Pierre endormi. A ce moment-là, la sonnette de l'entrée retentit ; ses élèves arrivaient. Prestement, elle referma la fenêtre. Le bruit réveilla Pierre qui releva la tête. Marie vit bien quelque chose bouger, mais son esprit, déjà ailleurs, enregistra simplement le mouvement.

Les bonjours joyeux, les bavardages emplirent la maison. Puis ce fut à nouveau le silence coupé par le tic-tac de la pendule, les craquements et les grincements de la charpente, la voix grave de Marie et le frottement des corps sur le tapis.

III

Le vent faiblissait, mais les nuages envahissaient le ciel et le froid devenait de plus en plus vif. Pierre, que le sommeil engourdissait, frissonnait et tremblait malgré lui. Il avait vu Marie. Un instant cette vision l'avait réconforté, mais à présent, il ne luttait plus. Même les étoiles l'abandonnaient et des flocons de neige tourbillonnaient autour de lui et s'infiltraient dans les moindres ouvertures de son manteau.

Insensiblement, son corps glissa sur la terre froide. Il se mit à murmurer une berceuse inconnue. Il délirait et se voyait bien au chaud dans les bras de cette femme entrevue. Des flashs de couleurs étranges et magnifiques passèrent devant ses yeux ; puis son esprit vacilla et il tomba dans le néant.

Il gisait là, inconscient, petit corps fragile que la neige recouvrait patiemment et que la nuit engloutissait. Seul, provenant de la fenêtre de Marie, un rayon de lumière illuminait son visage.

Pendant ce temps, Marie, si loin de ce drame, terminait son cours. Ses élèves s'étiraient voluptueusement et s'imprégnaient de l'atmosphère calme et joyeuse qui flottait dans la pièce. L'espace d'une respiration, d'invisibles fils unirent le groupe. Puis, le quotidien reprit ses droits.

Ce cours était le dernier de l'année. Il y eut de nombreuses embrassades précédées de "Bonnes fêtes !" et "Joyeux Noël !". Puis, chacun s'habilla et repartit avec le poids de ses rêves, de ses peines et de ses joies.

Marie mit de l'ordre dans le vestiaire, éteignit les lampes et remonta dans la pièce qui lui servait à la fois de salle de cours et de chambre à coucher : son lit n'était simplement constitué que de coussins posés à même le sol.

Elle ouvrit la fenêtre pour aérer la pièce, découvrit la neige qui tombait, et sourit ; cela lui procurait toujours une sensation de joie et de sensualité et l'émouvait au point qu'elle en avait des larmes aux yeux.

Elle s'arracha à sa contemplation, entra dans la cuisine pour se préparer un frugal repas, mit de l'eau à chauffer et revint dans la chambre. Hypnotisée, elle s'installa devant la fenêtre, jeta un coup d'œil dans le jardin et s'amusa à la joie des enfants à leur réveil.

Elle allait refermer la fenêtre lorsque son regard fut attiré par un curieux monticule : "Tiens, c'est bizarre" se dit-elle pensive. Il lui semblait distinguer une forme humaine, mais…c'était impossible : le jardin n'avait pas de porte donnant sur l'extérieur, de plus le mur d'enceinte s'élevait à plus de trois mètres. Elle se pencha plus avant, et alors, la lumière que son corps retenait prisonnière put à nouveau éclairer le jardin, et ce qu'elle vit la bouleversa. "Mon Dieu ! ".

Vite, elle s'engouffra dans l'escalier. Ses sabots claquaient sur les marches de céramique. Elle ouvrit la porte donnant sur le jardin, courut jusqu'à l'enfant, enleva la neige qui le recouvrait et le prit dans ses bras. Son corps froid la fit frissonner. Rapidement, elle le remonta dans sa chambre, enleva le manteau qui l’habillait et fut saisie par ce qu’elle vit : il était nu comme un ver. Le froid avait bleui sa peau. Marie l'enveloppa dans une couverture et le déposa sur des coussins. Elle alla à la cuisine, fit un bouillon, en remplit un bol et revint près de Pierre toujours inconscient. Pour être plus à l'aise, elle s'assit près de lui, fit glisser sa tête sur ses genoux et doucement, à l'aide d'une cuillère, s'efforça de lui desserrer les lèvres et d'infiltrer quelques gouttes du breuvage.

IV

Pierre gémit. Brutalement, la chaleur de la pièce lui rendit sa conscience.

La tête brûlante et la peau lacérée de milliers d'aiguillons, il essaya de comprendre ce qui lui arrivait mais n'osa ouvrir les yeux.

La main douce de Marie le fit sursauter et lui rendit toute sa lucidité. Il nota le bien-être qui l'envahissait, le grain de sa peau nue sous ses mains, le moelleux des coussins sous son corps et le léger parfum de lavande qui flottait autour de lui.

Que s'était-il passé durant son évanouissement pour qu'il se retrouve là, confortablement installé ? Où se trouvait-il ? Une angoisse profonde lui serra le ventre. Il ouvrit les yeux et reçut, émerveillé, le sourire de Marie.

- Tu peux dire que tu m'as fait une belle peur !...

La voix de Marie était douce et gaie. Subjugué, Pierre fixait intensément ce visage aux yeux verts rieurs et tendres. Très troublé de sentir ce corps de femme contre lui, il rougit en constatant que Marie l'avait déshabillé. Les longs cheveux bruns de la jeune femme lui frôlaient la joue ; il eut l'envie irrésistible de les caresser. Mal à l'aise, il voulut se relever, Marie intervint :

- Eh là, où vas-tu ? Tu n'es pas en état de te lever !

- Ça va mieux, j’aimerais m'asseoir.

- Tu crois ? Je n'ai pas l'impression que ce soit très raisonnable.

Pierre releva le buste, mais la pièce chavira autour de lui ; il dut s'accrocher aux coussins pour ne pas retomber. Il ressentit alors le vide de son estomac, la faim le tenaillait. Marie le regardait, inquiète :

- Tu veux absolument rester assis ?

- Oui, seulement, je... Pierre baissa la tête et dans un murmure... j'ai très faim.

- Tu as faim ! La bonne nouvelle ! Attends-moi là deux minutes, je reviens. Elle se leva et passa dans une pièce attenante à la chambre. Pierre l'entendit qui fourrageait dans un placard. Elle revint près de lui avec, dans les mains, une veste de pyjama et un gilet.

- Pendant que je prépare le repas, enfile ces vêtements. Ils te seront trop grands, mais au moins tu circuleras plus à l'aise dans la maison.

- Puis-je aller me laver les mains ?

- Mais oui, bien sûr, la salle de bains est là.

Ouf !... il avait craint de devoir à nouveau se déshabiller devant elle.

Il se lava soigneusement les mains et le visage, s'habilla et se regarda dans la glace. Soudain, il pensa à Philippe et un fou rire le prit. Quelle tête ferait-il lorsqu'il le verrait ? Un fumet délicieux le tira de ses réflexions. Malgré son accoutrement, il se décida à rejoindre Marie.

V

- Hum !... ça sent bon !...

Dans la cuisine claire et gaie, le couvert était mis. Une bougie allumée animait un bouquet d'anémones qui égayait la table.

- Hum !... dis donc, toi aussi tu sens bon ! Et, avec un sourire, Marie ébouriffa les cheveux de l'enfant qui frissonna sous la caresse. Assieds-toi là. J'espère que tu aimeras, c'est une omelette aux oignons.

Tout en parlant, Marie servit Pierre qui malgré sa faim, attendit qu'elle se fût installée pour commencer à manger. Il découpa avec volupté un morceau d'omelette qu'il porta à sa bouche. C'était merveilleusement bon. Lentement et en silence, il vida son assiette.

Marie, songeuse, observait l'enfant. L'intensité des émotions étant tombée, elle se posait de nombreuses questions. Qui était-il ? Que faisait-il dans le jardin à demi-nu ? Il ne semblait ni effrayé ni abattu, et il émanait de lui quelque chose d'étrange qui l'intriguait.

Tout à leurs réflexions, Pierre et Marie se taisaient et se cherchaient dans le silence. La neige continuait à tomber et le chuintement léger des flocons sur la vitre berçait Pierre ; une bienfaisante torpeur le gagnait.

La cloche d'une église sonna et fit sursauter Marie. Elle se décida à rompre le silence :

- Bien, maintenant que tu as repris des forces, nous pourrions parler un peu. Tu veux bien ?

- Oui.

- Je m'appelle Marie, et toi ?

- Pierre.

- Pierre... Je dois t'avouer que je suis très perplexe. A une heure où les enfants sont censés dormir dans leur lit, je te trouve dans ce jardin à moitié mort de froid et pratiquement nu... Et, j'ai la nette impression que pour toi c'est normal. Je ne te sens absolument pas inquiet... fatigué mais pas inquiet. Mais... Tu penses à tes parents ?... Ils doivent être...

- Je n'ai pas de parents.

- Pas de parents ? Il ne manquait plus que cela ! Tu t'es sauvé d'une institution alors ? Ce n'est pas mieux.

- Je ne me suis sauvé ni d'une institution, ni d'une prison, ni d'un pensionnat.

- Je ne comprends pas. Tu es un clochard alors. A ton âge, c'est plutôt étonnant, tu ne trouves pas ?

- Non, non…

- Explique-toi alors, au lieu de toujours dire non.

Malgré sa bonne volonté, l'impatience gagnait Marie.

Pierre resta un instant le nez plongé dans son assiette. Depuis qu'il avait repris connaissance, il s'attendait à cet interrogatoire, mais n'avait pas trouvé d'histoire plausible pouvant satisfaire Marie. Alors, il la regarda intensément. Quel regard ! pensa Marie, qui cessa de parler et devint soudain très attentive.

- Marie… j'aime votre prénom. Il est doux et tendre et vous va si bien. D'où je viens ? Quelle importance. Où je vais ? Ici, là, ailleurs.

Marie voulut parler.

- Chut ! Marie. Écoutez... la neige tombe. Elle glisse doucement, belle et blanche, mais trompeuse pourtant. Il fait froid. Le vent souffle fort et j'ai faim. Il fait nuit. Je n'ai pas peur de la nuit mais je suis fatigué, et l'ami qui m'attend est loin encore. Alors ? Une porte ouverte, un couloir et au bout du couloir, un jardin. Vite, entrer, se cacher, dormir et se réchauffer peut-être au coin d’un mur. Mais le froid devient de plus en plus rude, la faim de plus en plus tenace et la neige tombe toujours, et, là-haut, dans la maison, une lumière et une chaleur impossibles à atteindre. Soudain, une femme apparaît dans la lumière, jeune et belle, mais malheureusement elle disparaît, me laissant seul avec le froid et la neige, et la mort peut-être. Alors, pour oublier, je rêve. Demain, il sera temps de retrouver l'ami qui m'attend. Demain, il sera temps de faire le chemin pour le retrouver. Je voulais dormir, dormir, ne plus exister, redevenir ce que j'avais été.

- Mais, Pierre, qui es-tu ? Pourquoi n'as-tu pas de vêtements ? Et qui est cet ami qui t'attend ? Ami qui s'inquiète sans doute et qu'il faudrait prévenir.

- Qui je suis ? Je vous l'ai dit. Je m'appelle Pierre et j'ai onze ans. Des vêtements ? Oui... j'avais des vêtements... mais à la suite de circonstances imprévues, j'ai dû les quitter. Pour l'instant, personne ne s'inquiète de mon absence. Mon ami Philippe ne m'attend que pour le soir de Noël, et Noël est dans trois  jours. Il ne me reste qu'une trentaine de kilomètres à parcourir pour le rejoindre. Si vous m'hébergez cette nuit, je serai en pleine forme demain et j'aurai tout le temps d'arriver à mon rendez-vous. Si vous pensez que j'affabule, appelez la police, mais cela ne fera que compliquer les choses. Je peux aussi repartir comme je suis venu, vous n'entendrez plus parler de moi et tout sera dit. Mais je suis très fatigué et, avec pour seul vêtement ce pardessus trop grand, je n'irai pas très loin. Oui, je sais, tout cela semble assez invraisemblable, mais il faut que vous me fassiez confiance. Alors aidez-moi, je vous en prie !

- Mais, Pierre, tu ne te rends pas compte, tu n'es qu'un enfant ! Que fais-tu à cette heure de la nuit à la recherche d'un ami ? Je ne comprends pas. Je ne peux pas comprendre.

- Et pourtant, il faut que vous fassiez cet effort.

- Je ne peux pas. Je te rappelle encore une fois que tu n'es qu'un enfant. Il me faut prévenir la police. Je ne peux pas faire autrement.

- Ne faites pas cela. Je ne peux pas vous dire toute la vérité, mais je vous affirme que je n'ai rien fait de mal. Cela, je peux vous le jurer. Mais, si vous appelez la police, vous mettrez ma vie et celle de mes amis en danger.

- Mais pourquoi ?

- C'est un secret. Je ne peux rien vous dire de plus. Si vous décidez de m'aider, il ne faudra pas chercher à savoir.

- Tu me demandes de te faire confiance mais, toi, tu n'as aucune confiance en moi.

- Ce n'est pas cela, Marie, j'ai confiance en vous mais...

Pierre se tut, accablé de ne pouvoir en dire plus.

Marie, surprise de la maturité de Pierre était déconcertée. Sa logique lui dictait d'appeler la police, mais son intuition lui soufflait de n'en rien faire. Tiraillée par ces objectifs contraires, elle ne savait plus que penser. Pierre l'observait et voyait sur son visage le profond dilemme qu'il avait provoqué. Au bout d'un moment, qui lui parut une éternité, elle se décida enfin à parler.

- D'accord, je vais essayer de te croire et je vais t'aider, mais nous allons envisager une solution moins fatigante pour toi. Nous sommes mardi. Tu m'as dit que tu avais rendez-vous le jour de Noël, c'est bien cela ?

- Oui.

- Donc, c’est dans trois jours. Je travaille encore la journée de demain mais, à partir de demain soir, je suis en vacances et dois me rendre dans une maison de campagne que je possède non loin d'ici. Des amis m'y rejoindront jeudi après-midi, et nous passerons la veillée de Noël ensemble. Je te propose donc de venir là-bas avec nous, et lorsque le moment sera venu, je t'accompagnerai à l'endroit que tu voudras, nous nous quitterons et je ne chercherai pas à savoir où tu vas. Tu es d'accord ?

- Que direz-vous à vos amis ?

- Ne t'inquiète pas pour cela, mes amis sont habitués à un certain va et vient dans la maison.

- Vous me promettez que vous ne chercherez pas à en savoir plus ?

Marie sourit :

- Cela me sera difficile car je dois t'avouer que je suis très curieuse, mais je te le promets.

Le visage de Pierre se dérida. Il avait craint un instant devoir repartir, car malgré son air décidé, il était vraiment très fatigué.

- Marie... J'aimerais vous embrasser.      

Marie, émue malgré elle, serra très fort l'enfant dans ses bras.

Le voyant piquer du nez dans son assiette, elle alla préparer un lit, revint dans la cuisine et voulut le prendre dans ses bras. Dans un sursaut d'orgueil, Pierre se leva et tout en titubant, alla vers le lit où il sombra dans un profond sommeil. Marie le borda, lui caressa tendrement le visage et éteignit.

Elle s'apprêtait à se coucher, lorsqu'elle vit le pardessus de Pierre. Curieuse, elle le prit et fouilla les poches. Rien. Pas une seule pièce d'argent, pas un seul papier. Un contact glacé la fit sursauter. Avec précaution, elle retira d'une des poches une très longue chaîne au bout de laquelle pendait une médaille en forme d'étoile, le tout en un curieux métal argenté très brillant dont le contact était glacé. Au dos de la médaille, un prénom inscrit : "Pierre". C’était tout de même très bizarre, ce bijou était bien trop grand pour l'enfant.

- Allez, au lit. Tous ces mystères commencent à m'agacer sérieusement

Machinalement, elle posa la chaîne et l'étoile sur une étagère.

 

Published by reve-de-lune1982 - CONTE : Rêve de lune

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