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Le blog de reve-de-lune1982

 

3 Septembre 2008 Urdos/Canfran-Estacion 20 kms

 

     Grâce au plan, nous faisons les 13 derniers kilomètres qui nous séparent du col, sur des sentiers cheminant dans des forêts ou au milieu de prairies. Heureusement, car la montée est rude et le temps chaud et lourd. Nous  nous arrêtons pour nous restaurer aux environs des Anciennes ruines de l’Hospice de Payette car je suis prise d’un malaise. Mes yeux se ferment et au niveau du front m'apparait un ciel d’un bleu lumineux entouré de nuages très blancs. Ces nuages bougent et je vois l’écran bleu s’étirer et se rétrécir entre les nuages. Cet écran est vivant. La vision s’arrête comme elle est venue. C’est d’une telle beauté que j'en suis bouleversée. J'avais déjà vécu cette vision dans un autre contexte mais aussi sur un chemin de montagne et je garde cette image au fond de moi pour les moments difficiles. 

     Après le repas, nous reprenons notre marche sous la chaleur. Nous étions  à présent à découvert sur les prairies d’estive, en plein soleil. j'ai la sensation d’étouffer, le sac me serre les épaules. Malgré notre approche nous voyons le sommet s’éloigner inexorablement. A chaque fois que nous accédons à un plat je pense arriver au sommet mais non, c’est simplement, ou un autre sentier ou la route que nous croisons et nous devons à nouveau reprendre la montée un peu plus loin. Nous rêvons de boissons glacées, de chaussures enlevées et de siestes dans les prés. Enfin, les hôtels et bars du sommet nous font des clins d’œil. À 14h30, nous touchons la borne. Nous avons parcouru 60 kms, il nous en reste 860 !!!

 

ADD11 col du somport 03.09.08 14h34

      Notre calvaire n’est pas terminé. Le col est désert et les cafés fermés.  Le gîte pèlerins du sommet ne nous a pas été recommandé nous descendons donc à Candanchu. Rien non plus à Candanchu. Mais nous nous faisons pas de soucis car nous pensons n’avoir que quelques kilomètres à faire pour retrouver le gîte de Canfran-Estacion. Je suis joyeuse, d’abord d’avoir passé le col, ensuite d’être enfin en Espagne. Un berger, en contrebas, passe avec ses moutons. Épanouie et ravie je lui fais des signes de bonjour. Je suis dans l’allégresse. Mais la descente continue sans signe de village. Le paysage a totalement changé, ce n’est plus la verdure et les forêts mais l’herbe sèche, la terre aride. Le sentier caillouteux descend rapidement. Le danger vient de notre fatigue, des pieds qui se soulèvent de moins en moins bien, des glissements sur la terre sèche. Puis c'est un faux plat moins rapide mais tout en roches bosselées où chaque pas peut être chute. Mon allégresse a disparu, seul reste le désir d’arriver au gîte. Les kilomètres s’ajoutent aux kilomètres. Le sentier s’enfonce dans les taillis. Enfermées dans la végétation nous n’avons plus de points de repaires. Enfin, une maison inhabitée apparait, prémices d’un village. L’espace s’ouvre. Entre les arbres, nous apercevons la nationale et enfin l’entrée de Canfran-Estacion, il est près de 16h. 

      L’hôtel pèlerins n'est pas difficile à trouver. Malgré l’heure tardive peu de personnes sont arrivés. Nous pouvons nous s’installer confortablement et décompresser avant de visiter le bourg et trouver de quoi nous restaurer. Dans un café-restaurant, nous nous régalons au milieu d’Espagnols prenant des tapas. Coincées près du bar, nous sommes bercées par les conversations, la chaleur, et par les sons provenant d’une télévision imposante accrochée au-dessus de nos têtes. Nous retrouverons ce grand bocal des agitations du monde dans les moindres villages traversés.

 

4 Septembre 2008 Canfran-Estacion/Castiello de Jaca 15,1 kms

 

AABA1reflets 30.08.08 9h13

  Je n'ai pas beaucoup dormi. Le dortoir a quatre fois deux lits superposés. Cela fait beaucoup de respirations !!! Mes muscles sont douloureux et je dois apprendre à m’habiller et refaire le sac au milieu de l’étroitesse et de la pagaille du dortoir. Nous laissons partir le plus gros de la troupe pour être plus à l’aise. 

     Nous récupérons le chemin, le long du Rio Aragon, derrière des immeubles en restauration. Notre trajet passe par la rue principale de Canfran Pueblo. La rue, étroite, complètement pavée et superbement propre trace un couloir ténébreux entre deux rangées de maisons de pierres sombres. La noirceur est atténuée par la présence vivante des habitants tout à leurs occupations matinales. La descente vers Villanua continue dans un étroit canyon, d’une beauté austère et vertigineuse qui nous amène au bord du Rio Aragon où nous traversons, avec respect pour tous les voyageurs nous ayant précédées, le pont médiéval des pèlerins et nous nous engageons sur la voie romaine. La vallée s’ouvre sur Villanua. Le sentier, un chemin de terre sans déclivité, longe longuement d’un côté des prairies, de l’autre la route nationale. Puis nous traversons, et continuons sur le bord de la nationale avant de tourner pour s’en éloigner et se retrouver dans la nature sauvage. Enfin, nous arrivons sur un chemin pavé au sommet de Castiello de Jaca.

Castiello-4.09.08-15h19.JPG

Le vieux village de Castiello, totalement rénové, place dallée, jardin stérilisé, est tout en descente rapide. Nous n’en admirons pas moins l’église et les cheminées typiques, rondes et en pierre, également rénovées. Je sens mes muscles protester.  Je n'ai plus qu’une seule idée en tête m’asseoir !!! Mais il faut trouver un hébergement. Les rues désertes et aucun panneau ne nous renseignant nous continuons à descendre. Ce n’est que lorsque nous sommes  arrivées en bas qu’on nous indique un hébergement possible un peu plus haut ! Nonnnn !!! Pas remonter !!! C’est impossible, trop mal aux pieds, à la tête, au dos, la chaleur, la soif…. Alors, un hôtel est là, hors catégorie, pas pèlerin pour deux sous. Nous nous y arrêtons quand même pour nous bichonner les pieds, pour nous laver à grande eau, pour nous rassasier et nous désaltérer.

 

5 Septembre 2008 Castiello de Jaca/Jaca 6.5kms

 

   Nous repartons le lendemain après un déjeuner surréaliste dans une salle à manger de grand restaurant : Café, Croissants, beurre et gâteaux à gogo. Il fait toujours beau.Nous faisons un détour pour aller voirvers Jaca 05.09.08 9h21 une ancienne église en ruine du nom de Sainte Julianne prénom cher au cœur de Catherine. Après quelques photos nous revenons sur nos pas et allons nous engager dans le sentier quand, en rangeant la note de l’hôtel, Catherine se rend compte d’un oubli. Courageusement, elle refait les 500 mètres pour payer ce qui était dû et revient l’esprit plus léger. vers Jaca05.09.08 9h45Nous passons le gué d’une large rivière presque à sec et commençons à trouver des ronciers pleins de mûres. Des mûres pulpeuses et juteuses qui bleuissent les mains ! Pour reposer nos muscles, nous avons décidé de faire de cette journée un jour de détente avec peu de kilomètres. Le sentier, plat et facile, va dans le sens de nos vœu. Aussi prenons-nous le temps de nous gaver ! A l’entrée de Jaca, je suis à nouveau accoster par une femme espagnole. Je ne parle pas l’espagnol, Catherine doit la plupart du temps faire la traduction. Cette femme me dit son admiration pour mon courage et en même temps elle me demande de prier pour elle à Compostelle. J'ai les yeux au bord des larmes, et le cœur gonflé de cette émotion, je commence à me rendre compte de l’importance de ce voyage pour moi mais aussi pour ceux que je croise. Cela n'a rien à voir avec la religion, mais avec l’ouverture du corps et du cœur, la spiritualité et la rencontre avec l’autre. 

     Jaca est la première ville importante depuis Oloron. Nous en profitons pour acheter cartes postales, timbres poste, chaussettes et nourriture. Le gîte pèlerins n’ouvrant qu’à 16 heures, nous visitons la vieille ville avec ses avant toits en bois sculpté, la cathédrale Jaca-5.09.08-12h09.JPGet les étroites rues piétonnes. C’est une ville touristique et pour la première fois nous nous sentons invisibles et bousculées au milieu de ces touristes qui cherchent « le plus » : « le plus » de photos dans la cathédrale, au détriment du silence et de la méditation (nous sommes  perturbées par le sans gêne des visiteurs) « le plus » de  vêtements à la mode, « le plus » de « m’as-tu vu ». L’apparence prime. N’en pouvant plus de la tournure stressante que prend notre balade nous nous  dirigeons vers notre hébergement. Il n’est pas encore ouvert mais, une arrière cour à l’ombre nous permet de déposer nos sacs et de nous asseoir par terre. Des pèlerins sont déjà en attente. Nous écoutons leurs propos sans encore oser nous mêler à leur conversation. 

     Le gîte est neuf et agréable. Des séchoirs à linge sont entreposés sur une terrasse vitrée, toutes fenêtres ouvertes. Un courant d’air frais permet au linge de sécher rapidement et nous rafraîchit agréablement. Le dortoir est original. A l’image de certains cafés où une table isolée dans un box sépare deux banquettes, deux lits sont isolés dans un box en bois  séparé en tête de lit par une table de nuit, ce qui donne une certaine intimité et limite le nombre de personnes dans le dortoir. Par contre, dans la salle de douches, impossible d’accrocher quoique se soit dans les cabines. Donc je suis obligée de me déshabiller au sus et au vu de tout le monde, hommes et femmes. Cela m'est un peu difficile car je suis très pudique. Mais bon…Je m'y ferais ! 

     La nuit est difficile pour moi. Un chien (que Catherine n’entend pas ayant des boules « quiès » !)  aboie toute la nuit dans un jardin, en bas de l’auberge. Le matin, en attendant qu’une bonne âme allume la lumière nous nous  préparons dans l’obscurité pour ne pas réveiller ceux qui dorment encore. Anecdote : les français sont réputés pour leur sac en plastique, ce qui fait beaucoup de bruit dans la nuit ! Nous avons  effectivement des sacs en plastique pour séparer nos vêtements et mettre notre nourriture ! Nous essayons d’être le plus silencieuses possible mais, ces sacrés sacs font effectivement beaucoup de bruit ! 

     Nous prenons notre petit déjeuner dans la salle à manger au milieu du brouhaha des départs. L’aube se lève à peine lorsque nous sortons.

 

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commentaires
M
<br /> Je comprends l'envie d'écrire, de témoigner après un tel voyage, pour en garder trace et pouvoir partager. à bientôt,<br /> Martha.<br /> <br /> <br />
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