Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de reve-de-lune1982

 

1er Septembre 2008 Sarrance/Accous 12 kms

 

          6 heures. Un réveil sonne dans le dortoir ! Nous avons  largement le temps de nous préparer et de prendre un déjeuner en commun. A notre départ, le prêtre nous salue avec bienveillance mais il ne peut s’empêcher de nous traiter de paresseuses car nous ne faisons que de petites étapes. Eh ! Oui ! Mais c’est tout ce que nous pouvons faire en ce moment  ! Nous n’avons pas pu nous entraîner avant notre départ aussi nos corps ont besoin de s’adapter ! 

          Il fait un peu frais, des bancs de brouillard planent sur la montagne.  AB1vers accous 01.09.08 7h47Nous longeons à nouveau le gave. Le chemin s’enfonce dans la forêt et suit la falaise. Les montées abruptes et les descentes rapides dans les feuilles mortes qui recouvrent les pierres me demandent à nouveau une attention intense. Mes bâtons me sont d’un grand secours.

         Nous parlons peu. Nous sommes dans la caresse du vent, le chant des oiseaux, la beauté des paysages, les sensations du corps. Autour des villages, à la fraîcheur du matin, nous rencontrons des gens accueillants qui font leur promenade. Mais la matinée avançe. Insidieusement, la chaleur remplace la fraîcheur. Aux bois et aux charmilles abrités ont succédé des sentiers découverts puis une petite route asphaltée qui réverbére la chaleur. Un lotissement de campagne longe la route. Les aboiements des chiens, le ronflement des tondeuses et des tronçonneuses, l’ordre des jardins et des rochers blancs réfléchissant la lumière, ont peu à peu remplacé le silence et la verdure sauvage. 

          Au croisement de la route menant à Bédous une pancarte nous fait faire une valse d’hésitation, un pas en avant deux en arrière : la pancarte est à l’envers ! Puis, sur la route nationale, nous perdons totalement les marques. Des travaux ont détruits le parcours et c'est dans une chaleur lourde et sous un soleil de plomb que nous cherchons le GR ou les coquilles bleues ! Aller-retour le long de la rivière dans des chemins caillouteux menant nulle part. Une certaine tension plane entre nous. Enfin, abruties de fatigue et de chaleur nous arrivons à Bedous. 

         Alors que nous suivons les signes dans le village, nous tombons, chose exceptionnelle dans ces temps de tout super marché, sur un magasin fromager-producteur. Pour le repas de midi, nous mangerons donc du pain et du fromage. Coïncidence, la fille du fromager vit à Saint Gaudens et pourrait, si nous le désirons, nous faire parvenir leur fromage ! Sur notre route nous trouvons également un bar tenu par un Anglais. C’est l’Angleterre au milieu des Pyrénées ! Hum mm ! Aller, un demi panaché bien frais ! Le plaisir absolu ! 

          Au sortir du bar, nous devons à nouveau chercher le GR. Aucun arbre dans les rues et sur la place pavée. Nous sortons du village les nerfs en pelote. Et rebelote à un carrefour… accablées par la chaleur, nous nous arrêtons. Il est midi passé. Un banc sous des platanes : pique-nique et petite sieste. Le corps reposé et le calme revenu nous retrouvons rapidement le chemin. 

          Un peu avant Accous, nous faisons un détour pour voir la chapelle romane de Jouers datant du 12ème siècle. Jouers 1.09.08 13h381Malheureusement, la porte étant fermée à clé nous n'en voyons que l’extérieur ! Je ronchonne et Catherine mitraille les murs de  l’église sous tous ses angles pour photographier les signes (cabalistiques pour moi !) des Templiers. 

          Puis c'est Accous, son église et son presbytère où nous sommes accueillies par frère Gérard et frère Hugues, des prémontrés, qui nous offrent café et petits gâteaux. Trois frères se relayent dans le ministère des églises environnantes. Ils sont aidés par Konstantin, un russe de passage qui prépare la cuisine et aide dans tous les travaux  manuels de la communauté. Frère Hugues nous accompagne jusqu’au gîte : l’ancienne demeure de l’Evêque d’Oloron !!! C’est une très vieille maison avec plancher en bois, encombrée de meubles rustiques et de nombreux journaux et papiers mais la chambre est vaste et la salle de bains moderne. Normalement, Konstantin a ses quartiers dans cette maison mais il se fait très discret. Après la douche, grande lessive car il y a, grand luxe, un jardin avec une corde à linge. Nous profitons de ce jardin pour nous masser mutuellement les pieds, assises dans l’herbe. A 18h30 nous assistons à la messe et avons droit à notre première bénédiction des pèlerins, seules au milieu des villageois. Nous sommes très émues car c'est la première fois et aussi parce que le prêtre, homme débonnaire, fait un discours chaleureux à notre égard. Retour au presbytère où nous attend le repas du soir : soupe, pomme de terre et petits légumes frais, une pomme comme dessert.  Seul le prêtre Pierre, présidant en bout de table, est très loquace. Les frères, Konstantin, Catherine et moi, écoutons en silence. Ce silence me met  mal à l’aise. De plus j'ai  très faim mais ose à peine me servir. Peut-être que je crains, au milieu de ces hommes de foi et de rigueur, de prendre plus que ce à quoi j'ai droit. Ce repas frugal terminé, nous souhaitons le bonsoir à tous et pensant ne pas les rencontrer le lendemain, nous les remercions de leur accueil si chaleureux. Nous entrons au gîte, au jour tombant, admirant le coucher de soleil sur les montagnes.

 AB7Accous 1.09.08 20h43

          Au petit matin, nous retournons au presbytère. Un bon petit déjeuner nous y attend. Effectivement, certains frères sont déjà partis. Avec les frères restants et le prêtre, nous discutons du chemin à prendre car, à partir d’Accous, une partie du trajet se fait sur la route nationale, et cette route étant réputée dangereuse à pied, on nous a conseillé de prendre le car jusqu’au col du Somport. Mais le père Pierre et les frères nous en dissuadent en nous disant que si nous prenons le car nous rateront une expérience enrichissante. Alors, ces hommes déjà très occupés, prennent sur leur temps de travail pour nous aider. Ils nous donnent des repaires avec les kilométrages des endroits les plus dangereux et les chemins s’écartant de la route (notamment l’ancienne route d’Espagne). En fait, des 16 kms restants jusqu’au col seuls 4 kms300 longent la RN et 2 kms demandent de la vigilance. Nous quittons le presbytère mais les personnes qui l’habitent seront à nos côté sur le chemin jusqu’à Compostelle.

 

2 Septembre 2008 Accous/Urdos 12kms

 

ADA1fontaine 02.09.08 8h25

 

         Nous partons inquiètes tout de même. En temps normal, le trafic des voitures et surtout des camions sur la route du Col du Somport est très dense. Par chance, cette route étant en travaux, une circulation alternée, instituée depuis le col, a ralenti le flot du côté gauche, notre côté de marche. D’autre part, la gêne occasionnée par ce chantier, a incité de nombreux routiers à changer d’itinéraire et le flux de camions en est considérablement réduit. Les bas-côtés très étroits  n’offrent, par endroit, aucune visibilité, la falaise affleurant la route. Nous devons donc nous repérer au bruit pour oser franchir le pas, la peur au ventre. Quelques pensées de « bras d’honneur » à certains routiers et automobilistes qui nous frôlent d’un peu trop près m'effleurent parfois l’esprit !!! 

          Entre sentiers sous les arbres, petites routes traversant des hameaux, et marche le long de la nationale, le chemin se fait. Les indications données au presbytère sont précieuses et à part une perte de repère dans une vallée perdue où nous sommes remises dans le bon sens par un Espagnol habitant la région, tout va bien. Nous nous arrêtons à Borce, dans un café-épicerie pour le repas de midi. Il est tenu par une jeune femme. Ce n’est pas loin de la fermeture mais elle nous permet de pique niquer sur une table du café et, super délicatesse, nous ouvre un parasol car le soleil cogne très fort. Elle nous apporte aussi, avec les deux panachés que nous avons commandés, une jolie coupelle avec quelques fruits.

            Nous avons, jusqu’à présent, rencontré très peu de pèlerins mais nous commençons à ressentir comme un air de connivence avec les gens que nous croisons. 

           Nous grimpons vers l’église, d’une part parce que nous pensons que le chemin repart de là, d’autre part parce que nous voulons la visiter. L’effort que j'entreprends  pour monter la côte me coupe les jambes et je suis heureuse de savoir que nous nous sommes  trompées et que la direction va vers le bas même si ce n'est que pour remonter ensuite ! 

ADA2Fort du Portalet 02.09.08 14h02        

         Non loin d’Urdos, dans un étroit défilé, nous passons sous le fort du Portalet. Cette sinistre forteresse m'impressionne fortement  et me laisse un goût de colère contre ses constructeurs. Le lieu vertigineux et l’ambiance humide laissent prévoir un certain nombre de morts lors de son édification. 

          A l’entrée d’Urdos, non loin du camping, une touriste m'arrête au milieu de la forte montée d’arrivée. Cette femme est curieuse de savoir les raisons de mon pèlerinage. De nombreux reportages télévisés font état du nombre croissant de pèlerins sur les routes, cela l’intéresse et l’intrigue à la fois et en même temps je sens qu’elle aurait bien aimé être à ma place, enfin c’est ce qu’elle dit, maintenant à faire le pas…ADA3Urdos 02.09.08 14h53 

         

 

Nous atteignons rapidement l’hôtel. Un hôtel anonyme avec un accueil aussi anonyme pour ne pas dire renfrogné ! La patronne ne daigne nous sourire que le lendemain, lors du règlement de la note. A-t-elle eu peur que nous partions à la cloche de bois ou lui demandions de faire la vaisselle en contrepartie de l’hébergement et du repas ?!!! Eh ! Des gens avec des sacs à dos….

 

Published by reve-de-lune1982 - LE CAMINO 2008

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Hébergé par Overblog