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Le blog de reve-de-lune1982

 

Dimanche 12 Août 2012 Bagnères de Bigorre/Ourdis-Cotdoussan 2èmepartie

  12 août 2012 13h16 vers Rond point d'Esquiou

C'est la première fois que je remercie les chasseurs ! La cabane est simple mais j'y suis à l'abri et en même temps dans la nature car tout le devant de l’habitacle est ouvert sur le chemin et la forêt. Une table et surtout une chaise me permettent de me reposer et de manger quelques biscuits.Depuis que je suis partie je n'ai rencontré personne. Là, comme il y a une possibilité d'accès à la route, deux voitures sont stationnées. Un marcheur, que je vois repartir de mon poste d'observation, me fait un signe de tête.

Une voiture s'arrête devant le cabanon. Un petit monsieur en sort :

- Vous restez là ? Me demande -t-il ?

- Non je m'en vais. Intérieurement, je fulmine : Pas de bonjour. Pas de comment allez-vous ? Non juste : on veut la place. Vous dégagez quand ?

Ces jours de marche m'ont rendue sensible à ce genres de comportements Je n'en dit pas plus car je me rends compte de ma propre violence qui m'amènerait à être vulgaire et moraliste. Il y aurait pu avoir rencontre car il y a assez de place dans ce chalet pour que nous nous côtoyions. Dommage !

Écœurée, je pars sans me retourner.

Je prends la direction de Soulagnet. Une flèche m'indique un raccourci qui descend assez abruptement par un fossé et qui atterrit en bas à un cours d'eau. Il est très casse-cou déjà en temps normal. La pluie a dû le transformer en ruisseau ; je choisit la route. J'arrive à Soulagnet sous le soleil.

Juste une toute petite pause, sur le banc, près de l'église car j'ai mis cinq heures au lieu de quatre et je ne sais pas ce qui m'attend.

Je le sais assez rapidement. La signalisation et le sentier sont toujours aussi pourris et mal entretenus. Je suis constamment en train de chercher les balises dans une pente raide et boueuse au milieu des prés. Le sac m'entraîne en arrière ; je souffle comme un bœuf. Enfin, se profile un vrai chemin mais je dois enjamber un fil de clôture qui longe une maison pour l'atteindre. La balise est presque invisible sur un des montant du portail d'entrée de la maison ; elle aurait besoin d'un bon coup de peinture.

12 août 2012 14h28 vers Hourc dessus

Au départ, le parcours est bon mais il se commue promptement en jeu de piste à travers des fourrés, des pierrés, des coupe gorges jusqu'à enfin se transformer en un vrai beau chemin qui navigue, en bordure de champs où des fermes isolées se détachent sur le vert des prés. Il se tortille en vagues de descentes et de montées jusqu'à un hameau abandonné. Le panneau de signalisation du village de Germs est au sol. Quid de la direction. Je relève la pancarte et tourne à gauche sans savoir si c'est la bonne orientation.


vers Hourc dessus 12.8.12 14h281

 

 

vers Hourc dessus 12.8.12 14h29

J'arrive à une place en terre où un écriteau jaune indique d'un côté Ourdis de l'autre Germs alors que j'aurais dû arriver à un carrefour de routes. La descente sur Ourdis est très abrupte. Un couple sort d'une voiture. Il me confirme que je suis dans la bonne direction et il leur semble que Ourdis est à deux kilomètres. Ouais !!! Deux kilomètres !!! c'est bon, j'arrive dans un quart d'heure vue la rapidité de la descente !

Gag : tout d'un coup, une balise dans les fougères qui bordent la route . Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Les fougères sont hautes et le sentier à peine tracé. Oh ! Un piquet avec le signe rouge et blanc qui dépasse. Je ne me trompe pas c'est bien par là. Ce raccourci est parti d'un bon sentiment, éviter un peu la route, mais il n'est pas entretenu et j'ai vraiment peur de me perdre dans la descente vers le vide. Enfin, je retrouve le macadam et continue à descendre. Le quart d'heure est largement dépassé et aucun village en vue. Quand on est en voiture on ne se rend pas compte de la vraie durée d'un parcours à pied. J'étais heureuse, j'arrivais, mais là j'ai envie de pleurer. Je suis épuisée. Je n'ai pas mangé depuis mes biscuits du carrefour. Eh oui ! je n'ai rencontré aucun troquet au milieu des champs pour me sustenter un tant soi peu !

J'entends un bruit de moteur. Un gros tracteur arrive en face de moi. Ni une ni deux je l'arrête en pleine montée et lui demande la distance jusqu'à Ourdis. Je ne sais pas si le paysan a apprécié mon geste mais il me répond avec un grand sourire : cinq cents à sept cents mètres. A nouveau heureuse mais je déchante rapidement car les mètres se décuplent encore Enfin, la pancarte de Cotdoussan et sans prévenir j'arrive à une rue de village avec, en bordure, une maison. Un chien vient m’accueillir, des poules picorent au milieu de la route et deux êtres humains discutent bruyamment :

-Je cherche Mme Laborde ?

- Madeleine c'est pour toi.

Ourdis-Cotdoussans-13.08.12-9h01.jpg

Heureusement que j'ai parlé car j'aurais pu continuer jusqu'à ourdis Mais ici cotdoussan ou Ourdis c'est la même chose !

Une femme d'un certain âge me fait visiter le gîte : dans la cuisine parfaitement équipée,un grand lit. Dans la chambre un autre grand lit et un plus étroit et attenante, la salle de bain. Même une télévision trône dans la cuisine au dessus du lit !

Je suis à peine installée que Madeleine revient avec une tisane, un éclair au chocolat et un mille feuilles. Ce ne sont pas mes gâteaux préférés mais je les engouffre comme les meilleures sucreries du monde. Après 9 heures de marche sans manger je ne fais pas la difficile ! J'ai oublié qu'aujourd'hui c'est dimanche. Ce peut-il que Madeleine m'est comptée parmi ses invités dominicales ? A peine fini de manger je m'allonge sur le petit lit et m'endors instantanément.

Une heure plus tard je me lève ; il est environ 18h. Avant toute chose je m'occupe de mes chaussures trempées et vais demander du papier journal à Madeleine. Elle est occupée ailleurs mais un de ses fils ne tardent pas à venir avec un paquet de journaux à la main.

Toutes obligations faites, je m'installe sur un banc devant la maison et j'écris. Le chien de berger me tient compagnie et cherche mes caresses. Je suis dans un cocon. Après les grands espaces, ce petit coin de village presque adossé à l'église, sans visibilité sur les monts alentours et sur les autres maisons me rassure. Je m'y sens protégée et accueillie. Somnolente, je m’imprègne de l'atmosphère quiète, à mille lieux des néons, des publicités et des bruits de la ville .

La nuit tombe peu à peu. Madeleine me sort de ma méditation pour me présenter un plateau. Surprise je le prends et la remercie. Nous avions convenu, au téléphone, d'un repas du soir et du petit déjeuner. Je m'attendais donc à un repas préparé. Je dénombre : un concombre, 3 tomates, 1 beau steak , 2 œufs, 1 pain, du fromage, de l'huile, un pain de beurre, du sel, et des oignons. Je me prépare une salade : concombre/tomates, une omelette :œufs/tomates/oignons, le steak , du fromage avec du pain. Après ce repas pantagruélique , je lui ramène le plateau avec l'huile, le sel et le beurre. Elle me dit que je peux garder le beurre pour le petit déjeuner du lendemain. Nous discutons un moment,sur Compostelle, et sur Lourdes. (La télévision est allumée sur un documentaire sur cette ville). Elle m'invite à m'asseoir mais je suis tellement fatiguée que je décline son offre. Un peu triste car je ressens une telle gentillesse chez cette femme et chez son mari (également présent), tout en retenue.

Je me couche et m'endors rapidement lorsqu'un concert de voix et de bruits insolites me réveille. Mais la fatigue à raison du vacarme.

Je me lève de bonne heure pour éviter le plus possible la chaleur. Je vais dire adieu à Madeleine et la régler. Elle s'inquiète d'abord du bruit qui a pu me réveiller durant la nuit. Ce sont ses petits enfants qui se chamaillaient. Elle s'en excuse. Je la rassure sur mon réveil de courte durée. Ensuite, quelle n'est pas ma surprise lorsqu'elle m'annonce son prix : 10€. C'est bien ce que nous avions convenu mais pour l'hébergement seulement. Je ne suis pas d'accord et veux lui donner plus mais elle ne l'entend pas de cette oreille. C'est sa manière à elle de participer à mon pèlerinage. Et je la blesserais si j’insistais. Je lui demande si elle a un vœu à me confier ? Mais non, elle se dit comblée par la vie. Nous devons avoir le même âge et je suis émue par cette femme qui est toute sagesse, bienveillance, et générosité. Nous nous embrassons.

Je ne t'oublierai pas Madeleine.

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commentaires
L
Super! je suis contente d'avoir pu continuer ma lecture! Tes écrits s'étaient évaporés Dieu seul sait où! (Dieu à coup sûr et sans doute l'informatitien:)<br /> Cet épidode finit mieux qu'il ne commence, heureusement pour toi! Merci pour le vert lumineux des prairies vallonnée.Je me régale.
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E
Voilà de quoi compenser le malotru du début de la journée qui voulait la place dans le chalet!<br /> Heureusement qu'il y a des Madeleine pour ensoleiller la vie.<br /> Bises à toi.<br /> c.
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