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Le blog de reve-de-lune1982

 

  Bagnères de Bigorre/Ourdis Cotdoussan (1ère partie)

12 août 2012 13h151 vers Rond Point d'Esquiou

12 Août 2012. Une aube embrumée se lève lorsque je pointe mon nez hors du « Chat Ronfleur ». Il y a peu de gens dans les rues, il n’est pas sept heures : c’est la grasse mat’ du dimanche. La veille, la cité résonnait des chants du festival «A Voix Haute » et les habitants avaient prolongé leur soirée jusqu’à pas d’heure.

Je marche le long de l’esplanade et dans les jardins déserts qui rejoignent les « Allées Dramatiques ». Une pluie fine me caresse agréablement le visage. J’arrive au panneau de départ du GR annonçant la direction du Col du Monné, la pluie se fait insistante. J’enfile mon poncho. Une petite sente en lacets se faufile dans la forêt.  Tout est vert autour de moi. Les oiseaux nullement incommodés par la pluie, s’agitent à la recherche de leur nourriture. Je gravis lentement, doucement la côte rude. L’herbe mouillée et les dalles de pierre sont glissantes. Dramatiques, les allées auraient pu l’être, aujourd’hui, pour moi.

Une seconde d’inattention et je valse sur mon coude et mon côté gauche ! Pas eu le temps d’avoir peur ! Je me relève aussi rapidement que me le permet mon sac. Je me tâte de partout. Bon, j’aurais certainement des bleus mais pas de dégâts apparents…et là… je pars dans une furieuse altercation contre moi-même :

- tu ne peux pas faire attention, sacré non de non, tu es toute seule, tu comprends ça, toute seule, si tu te casses un bras ou une jambe ou plus tu seras vraiment dans la panouille. Je te le répète encore une fois pour te l’incruster dans la tête, tu es toute seule !  Alors tu fais deux fois plus attention ! D’accord ?

- Je me réponds : Okay ! D’accord ! Ne t’énerve pas ! Je ferai attention.

- Ouai ! T’as intérêt ! Allez, ça glisse, on y retourne, mais les yeux dans les pieds, hein !

Et ce sera mon crédo pendant ces deux mois : avoir les yeux dans mes pieds et être constamment sur le qui-vive.

Au départ, le chemin suit un itinéraire en boucle qui permet aux habitants de Bagnères de Bigorre et aux curistes de se balader ou de faire du jogging sans avoir à revenir à leur point de départ. Après les nombreux lacets, il longe une crête et domine la ville. En dépit de la pluie, je me réjouis de cette vue sur la plaine.

Malgré la chute, je vais bien. Les parfums de la terre se développent au contact de la pluie et le chant des oiseaux m’accompagne dans le silence. Aucune autre âme qui vive depuis Bagnères.

A l’embranchement  ramenant le chemin vers la civilisation, je tourne le dos à la ville pour entreprendre l’ascension du col du Monné (1100m). La forêt fait place à la prairie. Je suis à découvert, il n’y a plus d’arbres pour arrêter les bourrasques de vent et la pluie tombe dru. Elle tourne à la grêle, je ressens le froid, mes mains sont glacées. Ce temps me mets le cœur en joie ! Bizarre, non ? Il fait sombre, froid, j’ai la pluie qui me bat les mollets, le vent qui soulève mon poncho, pas une âme qui vive, et je suis heureuse !12 août 2012 13h16 vers Rond point d'Esquiou

Soudain, j’entends des sonnailles dans le brouillard et je vois dans la pénombre, de jolies têtes noires ornées de cornes sortant des fourrés. Elles me regardent passer avec curiosité : un troupeau de mignonnes petites chèvres.

Vingt mètres plus haut, trois chevaux paissent de part et d’autre du sentier. Quel bonheur ! Voir toutes ces bêtes en liberté m’enchante. Je m’arrête. L’un des chevaux, peut-être le chef, vient se placer face à moi et après une certaine hésitation me regarde droit dans les yeux. Nous restons face à face, lui superbe étalon noir, sans peur, me submerge de sa bravoure, de sa beauté. Il accepte cette intimité, sans sourciller et une vague de compréhension intense navigue entre lui et moi. Plus hésitant les deux autres acceptent également ce face à face mais avec plus de timidité, moins de puissance.

Je les quitte à regret pour entrer dans la grande forêt profonde et  mystérieuse façon « Seigneur des anneaux » qui m’abrite de la pluie. Je monte lentement dans le demi-jour et chante à tue tête jusqu’au col où je retrouve les grands espaces, les prés verts lavés de frais et la grande descente sur le Rond-Point d’Esquiou, simple cabane de chasseurs à la confluence de quatre routes forestière.

 

 12 août 2012 14h28 vers Hourc dessus

 

 

 

 
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commentaires
J
Eh bien non je n'ai rien manqué!
Répondre
J
Je viens de lire cet épisode avec un très grand plaisir, il me semble que j'ai loupé quelque chose, je vais rentrer dans ton blog pour m'en assurer. C'est différent de ton premier "camino" je<br /> l'avais beaucoup aimé et celui-ci est prometteur!
Répondre

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